Jean-Louis Johannides
Pour lui, marcher ne consiste pas seulement à mettre un pied devant l’autre. Quoi que. C’est surtout être en mouvement et parcourir. Par le corps appréhender le territoire et en saisir sa géographie. Marcher est une forme d’observation et de disponibilité. La possibilité dans le déplacement qu’une idée nous arrive. Qu’une intuition fomente alors que justement, les mains dans les poches, nous ne faisons que mettre un pied devant l’autre. Marcher implique la durée. Ce n’est pas simplement relier un point à un autre, ce n’est pas utilitaire, c’est inutile, c’est arpenter, non pour mesurer mais pour étirer la mesure. Marcher longtemps pour rendre actif l’amplitude. En fait, être dehors, prendre l’air. Pour lui marcher devrait être comme faire du théâtre. Malheureusement ce n’est pas le cas. Marcher est simple. Faire du théâtre comporte des complications. Pour lui, il faudrait marcher du théâtre pour se défaire de cette complexité, et que les choses adviennent, comme en marchant. Mais créer n’est pas marcher. Il lui semble qu’il commence à le comprendre. Alors il marche, et, il fait du théâtre. Il tente de mettre de la marche dans son théâtre par petites touches invisibles. Il ne peut pas non plus se passer de complexité bien qu’il convoite la simplicité. Comprendre que le monde est complexe le soulage, cela veut dire qu’il n’y a pas de solution définitive à trouver. Il dirait même qu’il faut savoir jouir de cette complexité, et s’offrir régulièrement des intervalles d’intensité, se faire cascadeur du réel et surfer de rhizome en rhizome. Tout simplement.
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Petite Brume
Jean-Louis Johannides, Tom Tirabosco, Jean-Pierre Rochat